Je pense aussi car il n’y a pas la partie de la citation du titre.
Sinon c’est vraiment intéressant, le mec sait de quoi il parle. Dommage pour ses mauvaises fréquentations.
Je pense aussi car il n’y a pas la partie de la citation du titre.
Sinon c’est vraiment intéressant, le mec sait de quoi il parle. Dommage pour ses mauvaises fréquentations.
Autant pour moi, je n’utilisais pas le bon outil, l’article avait été partiellement dévoilé.
Le voici en entier cette fois :
Marianne : D’où vient ce joli nom, adopté pour votre marque, Fleurs de bagne ?
Mika Dumas : La bousille, les fleurs de bagne, coquetteries du Milieu ou bien encore « la poésie de la canaille malheureuse » ainsi que le surnommait Albert Londres… sont autant d’expressions argotiques pour désigner le tatouage. Les « Fleurs de bagne » représentent donc les tatouages du milieu. Ils ont une teneur forte et sont réalisés à la main sur le corps des « mauvais garçons » au début du XXe siècle. C’est une véritable tradition chez les « marlous » de l’époque. En France, c’est fréquemment sur le derme des « enfants du malheur », prisonniers ou marins souvent, que l’on retrouve ces inscriptions.
La plupart d’entre eux sont passés par les sections disciplinaires et les prisons maritimes. À travers la marque, je voudrais faire connaître et peut-être reconnaître l’histoire de ces tatouages souvent miteux mais chargés d’histoire. Je ne créais pas de tatouage, mais j’espère vous faire découvrir leurs significations via mes modèles. Longtemps considérées comme attributs de la pègre, les fleurs de bagne ont constitué pendant longtemps la carte d’identité de tout truand classique respectable et respecté. Le pedigree était piqué sur la peau de ces gars. La peau tatouée devenait un véritable curriculum vitae parlant. Le fait de se tatouer était pour l’affranchi un moyen d’exorciser ses peurs, d’affirmer sa révolte envers toute forme d’autorité mais c’était aussi une façon d’exprimer ses pensées : pour sa mère qu’il a tant fait pleurer et pour sa bien-aimée du moment.
Le professeur de médecine Edmond Locard invitait déjà, dans son Traité de criminalistique (1931), à respecter le tatouage. Cette « marque infamante » qui vous passionne au point de s’inviter sur votre peau est-elle plus qu’un ornement pour vous ?
Chineur et collectionneur dans l’âme, passionné par l’histoire des bagnes, je suis constamment à la recherche de l’objet ou du bouquin rares. En ce qui concerne le tatouage, je m’y intéresse depuis toujours et je suis moi-même largement tatoué. J’ai conscience que toute cette imagerie appartient au passé. Loin de moi l’idée de vouloir ressembler à ces marlous en m’inventant une vie et un parcours criminel qui ne me correspondrait pas, pas plus qu’il ne correspondrait à l’époque actuelle. Beaucoup de mes pièces sont plutôt un hommage à cette époque, à ce milieu. Le tatouage, c’est aussi une histoire de famille. Mon père était couvert de « bousilles » pas très catholiques. Chaque tatouage devrait avoir une signification particulière pour celui qui en est porteur.
Le père fondateur de l’anthropologie criminelle, Alexandre Lacassagne, s’est penché très tôt sur la signification des tatouages. Il les avait classés en plusieurs catégories : emblèmes patriotiques et religieux, emblèmes professionnels, militaires, inscriptions érotiques et diverses déclarations d’amours ou bien encore phrases métaphoriques ou revendicatives. Selon lui, les tatouages permettent de mieux sonder la personnalité des criminels : « les tatouages, par leurs variétés et leur nombre marquent souvent les étapes de la vie d’un individu et parfois sa nature morale. Ce sont des cicatrices parlantes ». Ses recherches ont été complétées par la suite par les travaux photographiques d’Edmond Locard portant sur la psychologie des criminels et la relation qui lie souvent criminalité et tatouage. Ils ont notamment permis d’améliorer l’efficacité du travail d’identification des services de police.
Aujourd’hui, des chercheurs sont devenus incontournables dans ces domaines. Leurs écrits me passionnent, qu’il s’agisse de ceux du chercheur, collectionneur et spécialiste en histoire pénitentiaire Franck Sénateur, du journaliste d’investigation Jérôme Pierrat, de l’historien Philippe Artières. Quelques ouvrages sont eux-mêmes indispensables, je pense à Les tatouages du milieu, de Jacques Delarue et Robert Giraud, Au bagne d’Albert Londres, L’Argot et le Tatouage des Criminels, de Jean Graven, Une histoire du milieu de Jérôme Pierrat, Guillotine sèche de René Belbenoit, L’argot du milieu et L’art en prison de Jean Lacassagne & Jean Couty, Les Travailleurs de la Nuit, excellente bande dessinée sur Alexandre Jacob ou encore « Les Pegriots » d’Auguste Le Breton.
Au-delà de cette littérature scientifique, je m’intéresse beaucoup à la photographie avec des artistes tels que Brassaï, Doisneau… qui ont valorisé le Paris des bas-fonds, les quartiers malfamés, sa faune populaire. La musique de cette époque me passionne aussi énormément : Frehel, Damia, Mistinguett, Maurice Chevalier, Georgius, Henri Garat et bien d’autres encore dont les chansons en argot et les paroles ont su susciter une fascination des gens pour les mauvais garçons. Mais il n’y a pas eu de meilleur apprentissage pour moi que ces âmes perdues croisées au détour d’un comptoir et qui se laissent aller à vous « refaire le monde » en exhibant fièrement leurs vieilles bousilles tout aussi rocambolesques les unes que les autres.
« Ces corps bousillés, marqués, récitants, sont le vestige d’une époque révolue »
Véritable mine d’informations, ces corps bousillés, marqués, récitants, sont le vestige d’une époque révolue : dorénavant, on se tatoue essentiellement par suivisme, effet de mode, esthétisme : « Ça fait bien, ça donne un mauvais genre… » Le tatouage a perdu son âme et sa force, qui consistait à raconter une histoire, une expérience, une passion, une peine, une haine, voire une revendication. En bref, la vie du tatoué. Le tatouage pouvait d’ailleurs se révéler un poids ou un fardeau pour le tatoué : certains caïds dissimulaient les traces de leur passé, qui pouvaient devenir gênantes pour leur ascension. Paul Carbone, le « Grand Caïd » qui régna sur Marseille dans les années 20-30, en est le parfait exemple. Il y a quelques dizaines d’années, si l’on croisait un gars tatoué sur le cou, le crâne ou les mains, il valait mieux changer de trottoir. Nul doute que ce « Gonz’ » en avait dans la culotte et ne transpirait pas la sagesse. L’aspect uniquement décoratif du tatouage ne m’intéresse pas. « Un tatouage n’est jamais innocent, il respire, il a sa propre histoire, et la greluche qui tortille des fesses sur mon avant-bras est loin d’être innocente », dit Serguei Dounovetz dans Fleur de bagne.
Le marcel Fleurs de Bagne.
Vous ne vendez pas seulement des vêtements, vous racontez des histoires. Pourriez-vous faire le récit de quelques pièces maîtresses de votre vestiaire, qui va du tricot à la canadienne en passant par la gapette ?
En s’appuyant sur des faits historiques issus du « milieu » - chansons, clichés des bas-fonds et études menées par les grands criminologues et médecins judiciaires de l’époque - sous chaque modèle estampillé Fleurs de Bagne, vous trouverez une histoire. Pour y arriver, je me ressource et je collectionne beaucoup de pièces vestimentaires d’époque. J’affectionne tout particulièrement le style workwear et militaire. Je possède pas mal de vêtements de travail français d’époque ainsi que de belles pièces d’archives militaires. Le vêtement civil et militaire tient donc une place prédominante dans le développement de mes collections. Je passe du temps à chiner et je suis sans cesse à la recherche de joyaux qui m’inspireront. Plutôt que de réaliser des copies identiques de vêtements anciens, ce qui me plaît par-dessus tout, c’est de mixer le contemporain et l’ancien afin d’obtenir des pièces pouvant être portées par le plus grand nombre, et pas seulement par un Apache des années trente (Rires). Je pense qu’il est important de vivre avec son temps tout en s’appuyant sur des références historiques.
« Ce qui me plaît par-dessus tout, c’est de mixer le contemporain et l’ancien »
Si je regarde de plus près, entre la première collection et aujourd’hui, soit huit ans après les débuts de la marque, il y a une grande évolution. Pour ma première collection « Fatalitas », j’ai travaillé essentiellement sur des produits provenant de deadstocks militaires. Au-delà de l’histoire de la pièce en elle-même, sa fonction, son origine, ce qui a été le plus intéressant, c’est le fait de redonner une seconde vie à ces vêtements. Au fur et à mesure des années, ma démarche a été un peu différente puisque je me suis inspiré seulement de vieux modèles mais je leur ai apporté une touche de modernité en recréant des nouveaux patrons. L’élément essentiel pour moi était de toucher un public plus varié et de ne pas me contenter d’habiller les purs et durs. Certains produits de nos collections que je considère comme des permanents ont une riche histoire. Prenons la canadienne : j’ai chiné cette matière chez un vieux monsieur spécialisé dans les tissus anciens. Elle date de 1953 et provient d’une ancienne fabrique de confection de canadiennes en Lozère. C’est une édition limitée car malheureusement je n’ai pu avoir que très peu de matières.
Cette veste légendaire, authentique, indémodable, a connu un fort succès dans la période d’après-guerre. Elle fut immortalisée au cinéma dans les années soixante par Jean Gabin dans le film d’Henri Verneuil Un singe en hiver (1962) où ce dernier l’arbore fièrement aux côtés de Jean-Paul Belmondo sur les plages de Normandie. De la même manière, un modèle classique et permanent de nos collections est le célèbre dessous de corps dit le Marcel ou « gileton du Pégriot », en 100 % coton naturel à côtes Richelieu tricoté à l’ancienne sur des vieux métiers tubulaires en plein cœur de la Dordogne…
Ce célèbre maillot de corps est devenu un basique incontournable de la garde-robe masculine et quand on parle de « marcel » chez Fleurs de bagne, on pense plus à Tony Soprano ou au Gros Émile des Halles de Paname dans les années trente plutôt qu’au dernier kéké d’une émission de téléréalité qui arbore son débardeur en lycra moulant dans son corps musclé, bombardé d’UV et épilé pour mettre en avant tel un coq dans sa basse-cour ces beaux « tattoos ». Bref, depuis son apparition sur le marché des Halles de Paris en 1860, ce dessous n’a pas cessé de faire parler de lui. C’est à la fin du XIXe siècle que l’usine de bonneterie Marcel, installée à Roanne dans la Loire, devient la première entreprise à fabriquer ce vêtement en coton et en série. Elle lui donne son nom et fait connaître ce modeste tricot dans le monde entier.
« Quand on parle de « marcel » chez Fleurs de Bagne, on pense plus à Tony Soprano plutôt qu’au dernier kéké d’une émission de téléréalité qui arbore son débardeur en lycra moulant dans son corps musclé, bombardé d’UV et épilé. »
À l’origine, le marcel était un vêtement de travail, conçu pour être utilitaire. Les ouvriers et les agriculteurs, qui ont été les premiers à l’adopter, l’ont d’abord porté sous leur chemise. C’est d’ailleurs pour protéger les soldats du froid que ce vêtement a pris place dans le paquetage des poilus pendant la Première Guerre mondiale. Parmi les autres pièces iconiques de nos collections, il y a aussi le bonnet. Bien que sa coupe soit plus contemporaine qu’à l’époque du bagne, son histoire lui appartient. En effet, ces quatre chiffres frappés sur une plaque de fer-blanc cousue sur le bonnet ont eux aussi leur petite histoire… Au bagne, l’habit fait le moine ou plutôt il désigne le truand et la durée de sa peine. Au XXe siècle, la veste du forçat est une casaque rouge garance sans bouton ni collet.
On tolère parfois un petit collet droit et des boutons en os. La coiffure (bonnet) marque le temps de l’expiation. Les condamnés à perpétuité portent un bonnet vert ; avant 1830, ils étaient également marqués, au fer rouge, sur l’épaule, des lettres TP, Travaux à Perpétuité. Le bonnet rouge est la marque générale des condamnés mais, pour quelques-uns, ce n’est qu’une couleur de transition. Du bonnet rouge, ils passent rapidement au bonnet vert, dont souvent ils ne se débarrassent qu’au pied de l’échafaud. Parfois, un changement de commissaire à la tête du bagne amène une nouvelle variété de tenue. Savez-vous que le commandant Jacques-Yves Cousteau portait constamment ce bonnet rouge comme signe de reconnaissance et d’hommage aux bagnards de Toulon qui étaient désignés pour tester les premiers scaphandriers ? En effet, par peur des risques, les scaphandres étaient dans un premier temps essayés par des détenus. Afin de les différencier des autres hommes sur les ports et les bateaux, on leur faisait porter des bonnets rouges. Ce même bonnet rouge deviendra l’emblème de l’exploration marine. En 1995, symboliquement, il sera même offert aux astronautes américains sur le départ pour la station Mir, en écho aux grands explorateurs.
Quelles compétences et corps de métiers valorisez-vous concrètement à travers votre chaîne de production ? Avec quels ateliers de confection et territoires travaillez-vous ?
L’imagerie de Fleurs de Bagne est une imagerie très axée sur la France et son histoire à travers une histoire singulière, celle du vêtement de travail français. Inévitablement, ce souci de production locale a une dimension protectionniste, que j’assume. Mais les freins et obstacles à cette volonté de produire à nouveau français sont nombreux. La difficulté est d’abord économique : produire du made in France aujourd’hui, c’est très coûteux. Autre problème et de taille : le savoir-faire disparaît depuis la fin des années 80-90. La délocalisation est passée par là et les ravages sont variés. Je parle de la disparition presque complète d’une industrie textile autosuffisante avec ses moyens de production délocalisés en Asie, au Maghreb etc., concomitante avec la mondialisation, la production en masse, au meilleur prix possible. Avant, produire en France et consommer français était d’une évidence absolue. On avait les moyens sur place, l’économie se générait toute seule. Le made in France prône un retour aux sources, mais il faut mesurer l’ampleur du désastre : les moyens industriels ne sont plus en France, il faut les faire revenir, trouver les personnes qui savent faire fonctionner les machines.
Le bonnet Fleurs de Bagne.
« Les freins et obstacles à cette volonté de produire à nouveau français sont nombreux »
Je constate autre chose : un vide de transmission de ces savoirs pendant vingt ans ! Quand on visite les ateliers régulièrement comme je le fais, le constat est implacable, et inquiétant : la majorité des personnes sont des personnes proches de la retraite et derrière elles, personne n’attend. La relève n’existe pas, ou si peu. Ce qui menace, c’est la disparition pure et simple du savoir-faire textile français. Quand j’ai créé la marque, il y a dix ans, je suis tombé sur un monsieur qui possédait une entreprise dans le sud-est de la France, une bonneterie, dont le savoir-faire était axé sur le sous-vêtement français. Il a répandu le fameux « marcel » que j’évoquais plus tôt, l’origine et la base du sous-vêtement masculin français. Il fournissait même à l’époque les Leclerc, la grande consommation. Mais c’était du savoir-faire local !
Cet homme m’a ouvert les yeux, il m’a fait toucher du doigt la réalité du made in France. On idolâtre une époque révolue. Le sort de son atelier est symptomatique : quand j’ai visité son atelier, c’était un atelier vide qui auparavant faisait vivre un village, une région. À la fin, c’était un désert. Il ne restait plus que deux-trois machines… cela se résumait à deux personnes : une dame qui réalisait les patrons de temps en temps et s’occupait surtout du rangement ; un gars qui avait la responsabilité du réglage des machines (qui ne marchaient plus d’ailleurs) et qui, le reste du temps, cultivait son jardin. La réalité est là… elle lui a coûté un AVC, un divorce. Le made in France, c’est un rêve vertueux, je le porte, mais il repose sur des liquidations judiciaires et des licenciements économiques. Trouver des gens, aujourd’hui, qui se mettent à la machine à coudre pendant huit heures et qui apprennent comme à l’époque, il n’y en a plus. Les jeunes veulent tout aujourd’hui et très vite. Le travail a perdu sa noblesse.
Quels tissus sont encore présents et disponibles en France ? Jusqu’où peut-on produire français dans votre filière ? Est-il inévitable de regarder ailleurs pour accéder à certaines matières ? À vous entendre, le made in France est prisonnier de ses limites industrielles…
Je pense qu’il est inévitable et surtout conseillé de regarder ailleurs parce qu’il ne faut pas être non plus chauvin à un degré qui en deviendrait préjudiciable. Nous n’avons malheureusement plus les moyens d’être arc-boutés sur le made in France. D’autres personnes travaillent très bien et avec de très belles matières. Avec Fleurs de bagne, on continue à produire français. Néanmoins, nos matières sont également d’origine japonaise, italienne, anglaise. Par exemple, une matière comme le tissu wax, il n’y a pas meilleur que les Anglais pour faire ça ! Il n’est pas contradictoire de regarder ailleurs tout en défendant et en favorisant le protectionnisme textile. Nous travaillons ainsi avec les derniers tisseurs de laine français, situés à Mazamet. Ils ont 150 ans d’histoire. Ils produisaient à l’époque les costumes de l’armée napoléonienne, ensuite ils sont partis sur le bleu horizon, la veste des poilus.
Aujourd’hui, ils fournissent autant l’ameublement que les grandes marques de luxe français. Notre laine est toujours tricotée en France, elle vient de chez Tournier. On travaille aussi avec des entreprises familiales emblématiques dont les plus jeunes générations perpétuent ce savoir-faire hérité. Dans le Sud, avant, on avait beaucoup d’entreprises, il n’en reste quasiment plus ! On est donc obligés de se déplacer dans le nord de la France, connu pour tout ce qui relève de la bonneterie. On collabore beaucoup avec la Bretagne aussi, dont le savoir-faire lié au vêtement marin est précieux, traditionnel. Dans le Sud-Ouest, ils disposent encore des vieux métiers à l’ancienne cylindriques, ce n’est pas évident de retrouver ça aujourd’hui, donc on continue de travailler avec eux. La France est cependant esclave de ses limites industrielles ! Même si l’on voulait produire un pull d’une certaine technicité, les usines n’ont plus les machines. Ils ont vendu ça il y a 20 ans, 30 ans, plus personne ne sait les faire marcher.
Fabriquer des vêtements en France : parcours du combattant ou traversée accessible à tous les créateurs pourvu qu’ils veuillent faire le voyage ?
L’un et l’autre. Pour aller vers l’inaccessible il faut en avoir envie, tout simplement, et être courageux. Il faut la rage et la foi en même temps… J’ai démarré l’aventure en venant d’un univers complètement différent, l’industrie aéronautique, je n’avais aucune connaissance dans le domaine du textile ! Par contre, j’avais une réelle passion et une volonté de fer. Lorsque je trouvais un vieux pull marin qui avait été fabriqué en Bretagne, ou une veste de travail que j’avais chiné dans une friperie qui avait été faite dans les années cinquante en France et qui coûtait 3 francs 6 sous, je me disais : pourquoi aujourd’hui on n’arrive plus à le faire ? Donc, oui, c’est un parcours du combattant, cela impose donc d’en vouloir.
Le positionnement du produit est déterminant. Il faut se rendre à l’évidence : le made in France est coûteux, à la fabrication comme à l’achat. Produire un produit pas cher, c’est impossible. Le coût du travail en France est cher, les matières sont très chères, c’est la réalité des choses. J’ai commencé avec rien du tout, dans une aventure made in France qui a nécessité beaucoup d’investissement, aussi bien personnel que financier. Il a fallu serrer les dents, proposer un produit qui sortait du lot. Cela a été mon cas, on a réussi à avoir une marque avec un fort ADN, qui, bien qu’elle soit de niche, suscitait de l’intérêt à l’étranger (Europe du Nord, Allemagne, Suède… puis l’Asie, la Chine et le Japon notamment).
« Les moyens ne suivent pas les discours pro-made in France. Les banques me disaient que j’étais un fada. »
Si on résume, la marque a bientôt dix ans. Cela ne fait que deux ou trois ans que nous pouvons compter sur l’appui de financiers ! Or, si l’on n’a pas d’argent dès le départ, c’est très dur d’avoir une crédibilité, surtout dans le domaine textile. Le support financier permettant de franchir la marche, je ne l’ai pas eu. Nous avons marché seuls. Personne ne nous a soutenus. Le made in France ne se donne pas les moyens de sa politique. Les moyens ne suivent pas les discours pro-made in France. Ça peut nourrir de la colère chez ceux qui ont du potentiel mais aucun soutien. La promesse d’un carnet de commandes, pour un banquier, c’est du vent. Les banquent ne financent pas de stocks ni l’achat de matières. Tous les établissements bancaires me conseillaient d’arrêter l’entreprenariat, de revenir à mon ancienne situation professionnelle, confortable pour moi à l’époque. On me disait que j’étais un fada.
Dans les années quatre-vingt, ce n’est pas l’extrême droite mais le Parti communiste français qui encourageait sur ses affiches électorales à acheter français…
Et cela a bien changé. Aujourd’hui, on taxerait un tel slogan de populiste. On a un savoir-faire. Il faut le défendre, le retrouver. Ce n’est que du bon sens : politique, économique.
Très intéressant je trouve cet interview
Passionnant merci
Tu utilises quoi comme outil pour enlever le paywall ?
J’utilise bypass-paywalls-chrome-clean-master pour Chrome.
Prenez une carte lecteur à la BNF P$#@!n de bøŕƌɇĻ de m€ʁȡ℮ !
24 € par an et vous avez accès à tout ça :
https://bdl.bnf.fr/bases-de-donnees-par-titre
(Celui que j’utilise le plus c’est Europress)
Mais il y a pas d’appli, si ? Du coup c’est comment le confort de lecture sur smartphones ? En tout cas c’est tentant.
Pour l’appli’ il y a PressReader (il faut juste renouveler toutes les semaines).
Renouveler quoi ? Mais oui c’est une bonne alternative, je crois que je vais me laisser tenter.
Ça n’empêche pas de s’abonner aux journaux que l’on lit quotidiennement ! C’est juste pratique pour ceux que l’on lit seulement occasionnellement ou pour les liens qu’on nous envoie.
tu parlais à @ratCore hein ^^
Oui c’est bien ce que je crains, l’ergonomie qui rend le truc pas pratique au quotidien. Avant j’avais Cafeyn intégré à mon abonnement Canal+ mais ils ont retiré Libé et quelques autres titres (les plus intéressants) donc bof.
On y retrouve les articles les plus récents ou ils arrivent avec un peu de délai ?
Il y a un peu de délai pour Europresse.
Juste pour vous dire que le blog t youtube reparte cette semaine
je cloture demain une passe pas simple perso qui m’a mis un peu à l’ouest et rendu difficile de bosser sur du contenu qui demande du temps
et @Fatigue était en vacanes
on rattaque dès ce soir avec article
et demain un épisode de dégaine
@Fatigue : Très lourd dans le choix des marques, comme d’habitude!
Ah !! Les wallabees…
regarde au moins la partie histoire
Ah mais je vais regarder pour essayer de comprendre.